lundi 9 janvier 2012

L'arme


Je ne sais par quoi commencer. Je me suis assise sur mon lit, je n’arrivais plus à bouger mon sac sur mes genoux et les coups, les coups qui me coupaient le souffle. Et les larmes sans fin, mes yeux qui gonflent et mes sanglots arrachés. Un camion arrive et ses feux m’éblouissent, me foudroient, il vient vers moi mais je reste. Immobile. Une seconde, je sens le poids du métal sur mon corps et je sens le vent, les lumières autour de moi, j’entends un cri de mort. Puis la douleur arrive, plus intense que rien de ce que j’ai pu connaître. Elle me déchire le corps, et je voudrais me lever, courir loin de tous ces regards apeurés, mais je suis incapable de quoi que ce soit, sinon de ressentir chacun de mes membres qui me fait hurler. Pendant ces secondes là, pendant ce moment-là, pas une seule fois que je n’ai pensé à mes larmes, pas une seule fois je n’ai pensé à la douleur qui me tailladait la poitrine. C’était ça que je voulais. Assise sur mon lit, je m’étonnais de la douleur que j’étais capable de ressentir, j’ignorais d’où elle venait. J’ignorais comment mon corps pouvait produire une sensation de douleur alors que personne n’abimait mon corps. Pourtant je sentais les coups qui venaient de l’intérieur de ma poitrine, je sentais l’envie de me frapper, de m’enfoncer les ongles dans la peau, de me blesser moi-même, pour ne plus éprouver cette sensation là. Elle me mettait face à ma petitesse, et aux raisons pour lesquelles j’étais dans cet état. Je ne pouvais que m’en prendre à moi-même, et c’était sûrement le pire. Personne à détester, personne à qui en vouloir sauf moi-même. Puisqu’il me détestait déjà, je n’avais le choix que de me haïr à mon tour.
Quand enfin, j’ai décidé de rassembler le peu de courage qu’il me restait pour me déshabiller et me coucher dans mon lit. Je dus descendre, affronter mon visage. Les plaques rouges, les yeux gonflés. Ma laideur ne m’étonna pas. Elle n’était que le reflet de ce que je devenais. Celle qui ratait tout. Je me sentais morte. Une morte qui pleurait. Des larmes qui ne lavent rien, qui ne font que ressasser la souffrance. J’ai mis un pyjama, et je me suis allongé. Le froid me fit trembler et je m’enfonçai dans mon lit. Le sommeil est calme et je m’y jetai avec soulagement. Rien n’est plus soulageant que de trouver un moyen de fuir sa douleur. 

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