Quelle tristesse, tout ce temps perdu, cette jeunesse gâchée. Je vague, je divague dans les rues. Mon regard ne se fixe nulle part. La lumière me fait mal, mes chaussures me font mal, la solitude me fait mal.
Je crois que c’est l’ennui. Je ne sais plus où aller, ces derniers temps, ça n’arrête pas. Chez moi, je m’ennuie. Avec les autres, je m’ennuie. J’ai envie de partir mais j’ai peur de tout quitter.
On m’avait pas prévenu de ça. On m’avait dit pour les chagrins d’amour, pour la famille qui part en vrille, pour les trahisons, pour l’école sans intérêt mais personne ne m’avait dit pour ça. Pour le venin qui pénètre, qui s’engouffre, qui se fond dans chacune de mes cellules, vient avec la mélancolie, le découragement, la tristesse, la lassitude, le désintérêt. Personne ne m’avait prévenu de faire attention à ça. J’ai marché dans les rues, j’ai croisé des regards, j’ai souri d’amour, j’ai souri du beau temps, j’ai souri de l’enthousiasme des autres. Jamais du mien. Je vis dans un corps qui ne m’appartient pas.
Quand les autres me regardent, il me trouve jolie. Moi je ne vois que les larmes qui ne coulent plus. J’essaye de trouver des occupations, je passe des nuits dehors à boire, à parler à des inconnus et je ne me souviens jamais de rien. Il n’y a que la migraine et la nausée pour me rappeler mes déboires de la veille. J’ai l’impression de flotter sur un lac endormi. Je croyais que je nagerais dans un fleuve à contre-courant. Je m’oublie dans la lecture, je ne lis pas ceux que mon père m’achète, je lis ceux dont le titre m’appelle, que je trouve par hasard dans de vieilles bouquineries. Je m’assois dans le coin d’un café et je lis, je lis sans m’arrêter. Mon thé refroidit et je n’ai plus envie de le boire. J’aime bien lire dans le tram aussi, j’oublie les gens qui vont et qui viennent, j’oublie le bruit, la vulgarité, la saleté et la bêtise qui m’entourent et je lis. Je traverse ces pages, ces lignes où je découvre un autre monde. Il n’est pas toujours beau mais il est différent de celui que je connais.
Alors, je me confonds avec les héroïnes, je m’approprie leurs douleurs, leurs espoirs, leurs défaites et ça me donne l’impression de vivre.
Le regard des hommes ne me gênent pas, c’est celui qui est encore le moins méchant. Les enfants m’ignorent, les femmes me méprisent. Enfin, certaines me méprisent, celles qui m’attirent, celles qui m’intéressent, celles que je trouve intrigantes. Elles me refusent. Je les croise, je les frôle parfois mais c’est comme si je n’existais pas.
Jeudi, le 21 juillet 2011, 1h01
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