J’appelle, j’appelle à l’aide et personne ne vient. On me laisse m’enfoncer dans mon trou. Bientôt ma gorge se serre et je ne peux qu’hurler, en vain. Voir les autres avancer, tourner autour de mon corps sans rien pouvoir faire. Voir le monde tourner, les méchancetés se balancer avec indifférence. Je ne suis que spectatrice. Je suis au milieu de tous ces tourments et chaque fois que quelque chose passe devant moi, chaque fois que quelqu’un souffre, que quelqu’un pleure ou subit les conséquences des actes des autres, je ressens pareillement. Tout m’est également envoyé en pleine figure. Je suis sale de toute l’horreur qui court autour de moi. Mes pieds sont si lourds que je ne peux me déplacer, courir en sens inverse, le plus loin possible de cette agitation qui ne me concerne en rien. Je n’ai plus rien. Plus d’attache. Peut-être qu’alors je pourrai enfin être libre mais ce n’est pas cela que je désire. J’ère entre ces gens, ces bâtiments qui ne me disent rien, je n’essaye même plus de comprendre où je me trouve. Je continue sans me retourner. A quoi bon ? Je ne sais même pas d’où je viens. Je ne sais pas où je vais ni ce que je veux. Je m’arrête devant une vitre et je me contemple. Je me plais un peu. L’air las et chamboulé. Mon regard me plait, il me parait étrange. Douloureux. Je voudrais que le monde extérieur puisse au moins une fois, au moins cette fois-ci – car ce moment est si parfait, il fait gris et tout le monde est occupé ou fait semblant de l’être – me voir comme je me vois. Peut-être pas telle que je suis, car au fond, me vois-je vraiment comme ce que je suis ? Entre cette impression de pouvoir me juger comme si j’étais de l’extérieur et tout ce qui me bouffe, je dois certainement me planter, de temps à autre. Je vois ces gens, ces visages qui m’attirent parce qu’enfin je capte quelque chose en eux, quelque chose de différent, quelque chose qui résonne en moi, je les vois passer sans me voir. Je n’ai pas réellement eu l’espoir que ca mène à quelque chose. On ne peut pas vraiment se permettre d’attendre quelque chose des autres. Je sais bien que cette idée est utopique mais tant pis. Peut-être qu’un jour, je penserai vraiment que c’est possible de penser comme ca. Ce serait la clef de tellement de problèmes. Mais en attendant, je fais avec. Tout donner, son cœur, son attention ou sa patience pour ne rien recevoir, ou si peu. C’est normal après tout. Tout le monde connait un jour ce sentiment de sens unique. Il faut espérer rencontrer les gens qui nous apportent ce dont nous avons besoin. Rencontrer ceux qui nous feront changer à jamais, qui nous stimuleront et changeront nos perceptions de la vie, du monde extérieur et de ce que nous sommes. Il faut espérer pouvoir un jour se faire violence pour arriver à nous trouver. Même si ce ne sera peut-être et sûrement jamais le cas. Quel intérêt d’arriver au bout du chemin ? Autant se tirer une balle directement. J’exagère. La mort n’est pas la solution et n’a de toute façon pas sa place dans mes lignes. Puisque de toute manière, personne n’y arrivera un jour. La vérité absolue existe-t-elle en étant inaccessible ou bien n’est-ce qu’une illusion ? Après tout, qu’est-ce que la vérité absolue ? Je n’en sais moi-même pas grand-chose. J’ai hâte de mille choses, de la tournure qu’auront certains événements, du temps qui passe, de voir les tournesols se déplacer en fonction du soleil, lire des livres, prendre du temps pour se remettre de ce qu’ils engendrent en moi. Etrangement, je n’ai pas envie de me réveiller légère, ca a sonné faux de me dire cela. A ne pas confondre, légèreté et insouciance. Je sais que le futur n’a rien à voir avec ce que je croyais. Je parle au passé car aujourd’hui j’ignore de quoi il sera fait. On peut considérer que je m’étais emplie de mensonges, je préfère penser que je croyais simplement en ce qui me faisait battre. Quand on aime quelque chose, un livre, une personne ou une activité, comment s’empêcher de vouloir que ca dure pour toujours ? Tout a une fin. Sinon ca perdrait de son intérêt. Il faut simplement être conscient qu’il faudra inscrire le point final de chaque chose. Un livre a une fin. Chaque histoire possède sa fin. Nous n’avons pas toujours la possibilité d’en écrire nous même la résolution. Tant de choses qui évoluent sans notre consentement. Pourtant nous devons les accepter afin d’avancer. Il ne s’agit d’oublier, de classer mais bien d’avancer avec, sans que cela nous pèse. Nous pèse au point de nous ralentir. Au début bien évidemment, il est parfaitement acceptable d’être ralenti par les choses qui nous ont touchées ou bien souvent écrasées. Il s’agit de s’en relever et d’avancer. Un jour, on retrouvera la vitesse initiale. Et c’est cela qui a de l’importance. La vitesse sera la même, nous bien sûr, c’est différent. Nous sommes sans cesse remodeler par l’extérieur, par autre chose que nous. C’est une grave erreur de penser que nous ne sommes en rien influençables. Je parle de bonne influence, pas de manipulation. Je parle d’amour, de livres, de conversation ou d’un regard qui nous aurait touché et aurait modifié ce que nous croyons, ce que nous sommes. Il y a encore tant à voir.
Mercredi, 25 août 2010, 22h07

C'est très beau, j'aime beaucoup.
RépondreSupprimerC'est à la fois impressionnant et prenant.